Zone XP-087 Archives officielles de la BioHazard-Corporation.

Ils sont encore 18, à camper tous les soirs dans le désert, fêtant leurs Trente Glorieuses, comme autant de journées accomplies à défier l’adversité, pendant que les milliers de dépouilles putréfiées de l’Outre-Monde parcourent la ville vide et dévastée.

Chacun utilise sa propre technique, bien que Taxilivreur ait remis à chacun un exemplaire du désormais célèbre « Campeur de l’Extrême : survivre longtemps en milieu hostile », du non moins renommé Denis Brogniart.

DonnieDarko, par exemple, préfère la lecture du plus confidentiel « Guide du Désert gay, lesbien, et sado-masochiste » et, suivant ses recommandations, s’endort chaque soir avec plusieurs manches vibrants enfoncés en diverses parties du corps comme autant d’aiguilles d’acupuncture. Ses petits gémissements pourraient néanmoins finir par alerter les créatures de la nuit. La ville lui manque, la solitude campagnarde et ses plaisirs artificiels risquent de le lasser bien vite.

Dans l’adversité, la souffrance et la désolation, certains se rapprochent, au mépris du danger. Il se murmure que sanjeev et charlesbronson ont campé ensemble la nuit dernière. RoiSilencieux les aurait entendu chanter à tue-tête, en début de soirée, « Si on devait mourir demain, moi je t’aimerai, moi je t’aimerai, moi je t’aimerai… », à peu près aussi mal que Pascal Obispo et Natasha St-Pier. On a eu chaud. Espérons quand même qu’ils ne recommencent pas ce soir.

Sebbreack, lui, a dû mal lire les recommandations les plus pertinentes : il confond, à la façon d’un Jean-Luc Delarue, objets de défense et objets de défonce. Son usage répété de drogues, médicaments sans étiquette et autres alcools forts, révèle chez lui une tendance pictophile, agressive et délirante, qui l’aide à compenser le traumatisme mental causé par ce mois passé avec tant de spécimens. Son cas nécessitera probablement la consultation d’un spécialiste dès la fin de cette expérience.

Ph03n1x a découvert que les citrouilles molles, en ville, sont devenues des citrouilles allumées, très décoratives au demeurant. Il se regarde toujours l’entrejambe tous les jours, longuement, en se disant que finalement, ce serait effectivement assez pratique dans l’obscurité du désert, et que l’effet esthétique serait sans doute des plus attrayants.

Puisque l’on parle d’effet esthétique, attardons-nous un instant sur le cas de Frère ACKOD. Nous avions crû un temps à une dérive mystique : il n’en était rien. Il a depuis retrouvé une coupe de fourrure plus raisonnable, et se fait appeler Don ACKOD, parrain du « gang des poilus », un groupuscule aux motivations mal définies qui comporte au moins un panda, une monstruosité bleutée, un lapin crétin et probablement un hamster lubrique (lapalissade ?:)

Don ACKOD s’est érigé, jusqu'à son dernier souffle, en ayatollah de la décoration, prêtre de l’architecture intérieure, gardien du mobilier contemporain et du bon goût. D’une main de fer, il répartit entre chaque maison, jour après jour, le moindre bibelot, la moindre chaise, jusqu’à l’épuisement. Contagieuse, sa parole a même entraîné Selac à meubler la maison de ThePlouc avant de le dévorer, acte que celui-ci peinera longtemps à pardonner.

RoiSilencieux, qui ne parle pas, mais qui en dit beaucoup, surnomme désormais ACKOD la « Valérie Damidot du Désert », compte tenu de l’ampleur de son obsession. Car au cas où vous ne le saviez pas, Valérie Damidot est aussi un panda à la différence qu’elle, contrairement à ACKOD, s’épile intégralement (une source anonyme, kiollerus pour ne pas le citer, me l’a confirmé très récemment). Pas étonnant que l’espèce soit en voie d’extinction.

Et Selac, dans tout ça, me direz-vous… La malédiction du calibrateur a fini par le rattraper. Devenu goule, la cinquième et dernière de la ville, il tente de satisfaire ses appétits coupables pour ses ex-congénères avec des expédients de toute sorte, et trouve dans le désert, pour encore quelques jours peut-être, de quoi survivre.

L’histoire se termine ici, même si quelques-uns survivront quelques jours encore. Ils moururent et mourront tous heureux, dans le désert, empreints de fierté et de gloire. Steppes Nordiques, aussi appelée Prairies de la Citrouille Creuse, et surnommée par ses habitants la Woodstock du Désert, trônera longtemps dans les mémoires. Si tout se passe mal pour les autres, elle figurera longtemps au Panthéon des villes de la saison 2 de Hordes, avec quelque chose comme 1050 points au final.

Parmi eux, Selac, adorable boule de poils bleue, un peu soupe au lait sur les bords, gardien de son état. Comme ses congénères, il fouillait chaque jour le désert, un coup de pelle par ci, un coup de pelle par là, espérant trouver le nécessaire à la survie du groupe le plus longtemps possible.

Jusqu’à ce cinquième jour, il n’avait pas déterré grand-chose d’intéressant : quelques planches, de la ferraille, un objet de défense ou deux… Bref, l’ennui le plus total. Quand tout à coup, au cours d’une expédition avec quelques autres citoyens désespérés, sa pelle buta dans le sable sur quelque chose de dur. Il creusa, il creusa, il dégagea la chose.

Hourra ! Un magnifique CALIBRATEUR ! L’élément indispensable pour l’assemblage de son arme préférée, le super lance-piles, affectueusement surnommé le SLIP. Alors Selac s’empresse de rentrer en ville, annonçant à corps et à cris sa merveilleuse trouvaille, et place l’objet dans son coffre. Ce soir-là, il s’endormit le sourire aux lèvres, rêvant d’expéditions au son des piles qui fusent éclater la cervelle moisie des hordes de zombies.

Les jours suivants, il continua ses fouilles. Pendant ce temps, les voleurs indélicats prenaient le calibrateur dans sa maison. Mais inexplicablement, chaque soir, il était de nouveau à sa place.

Puis un jour, un citoyen du nom de nikostate, énervé par les objets précieux jalousement gardés dans les coffres des uns et des autres, et par quelques ratures sur le registre de la ville, péta un câble. Au comble de sa folie, il s’enfuit dans le désert, emportant avec lui un aquasplash, toutes les boîtes de médicaments sans étiquette… Dexter88 ramena son cadavre, le lendemain, que la goule aurait plus tard le loisir de sucer jusqu’à l’os.

Selac prit alors conscience de la puissance de l’objet qu’il détenait chez lui, et il prit peur. Et si le calibrateur était la cause de la folie de nikostate ?

Il décida de mettre en jeu cet objet de malheur. Personne ne comprit véritablement les règles, preuve de l’influence corruptrice du calibrateur sur les esprits des survivants, mais ce fut finalement TobyWong qui l’emporta, au terme d’un mano à mano d’anthologie avec le malheureux RoiSilencieux.

Le calibrateur fut déposé en banque, et TobyWong fut assuré d’obtenir l’autorisation de l’assembler en fin de ville, quand les citrouilles seraient cuites. Il ne le savait pas encore, mais la malédiction était déjà à l’œuvre.

Encore quelques jours plus tard, alors que tout allait bien, et que Nicotine09, la première goule, se délectait des restes de nikostate, TobyWong tomba en catatonie. Deux jours sans bouger, sans parler, sans sortir, qui le laissèrent au bord de la déshydratation. Par charité, pour lui éviter une mort horrible, les survivants décidèrent de le donner en pâture à la goule.

Nicotine09 mourut à son tour le lendemain, soi-disant parce qu’elle n’avait pu satisfaire sa voracité. Mais Selac ne put s'empêcher de se demander si la vérité n’était pas ailleurs.

Quelques jours passèrent encore, puis ce fut au tour de Hyenodon de se transformer en goule. Il n’avait pas touché au calibrateur, lui, même s’il avait essayé d’en gagner l’assemblage. Tout juste avait-il, dans son coffre, une pompe à jerrycan qu’il comptait retaper plus tard.

Il n’en fallait cependant pas plus pour que la légende des trucs à assembler maudits se répande parmi la population terrorisée.

TobyWong n’étant plus, le calibrateur était désormais propriété de RoiSilencieux.

Qu’allait donc décider RoiSilencieux ? Serait-il la prochaine victime de la malédiction ? Ou allait-il se défaire de cet objet de malheur, en relançant un jeu aux règles obscures, ou en le rendant simplement à celui par qui il était arrivé en ville, Selac ?

Vous le saurez en lisant le prochain épisode du CALIBRATEUR MAUDIT !